Décrire les objectifs du projet (par exemple, répondre à certaines interrogations scientifiques ou à des besoins scientifiques ou cliniques).
Ce projet de recherche s’inscrit dans la problématique globale de cohabitation entre le loup et les éleveurs ovins. La population lupine, estimée à 1104 individus en 2023, serait en effet responsable de la mort de plus de 10.000 animaux d’élevage par an. Des méthodes de protection des troupeaux existent, effarouchement, chiens de protection, présence humaine, clôture électrifiée mais elles ne garantissent pas toujours la protection du troupeau. Notre stratégie de recherche dans ce contexte est de favoriser au niveau même de l’animal mais aussi de son troupeau, l’expression d’un comportement naturel de défense, le flocking (agrégation des animaux). Il a en effet été observé en milieu naturel, que ce comportement pouvait déstabiliser le loup puisqu’il rend plus difficile l’identification et l’isolement d’un individu en particulier. Favoriser ce comportement et la cohésion du troupeau permettrait donc d’ajouter une mesure de protection au niveau même de chaque individu. Par ailleurs, il est important de noter que les conséquences de la prédation par le loup ne s’arrêtent pas aux brebis prédatées mais que les brebis témoins d’une attaque peuvent également faire des arrêts cardiaques ou avorter à cause du stress subi. Nous pensons que l’utilisation d’une phéromone apaisante pourrait être une solution pertinente pour limiter d’un côté le stress de l’attaque et favoriser de l’autre la cohésion du troupeau (flocking). En effet, sur d’autres espèces animales, l’utilisation de phéromones apaisantes a montré un effet significatif sur les réactions de peur ou d’anxiété. C’est le cas chez le cheval et le chien, où l’utilisation d’une phéromone apaisante permet de moduler les conséquences physiologiques et comportementales de l’exposition à une situation effrayante. Chez les cochons, cela permet de limiter la sécrétion de cortisol chez des individus soumis à un stress social. Ainsi, selon nous et selon les précédents résultats obtenus sur différentes espèces, la phéromone apaisante de brebis pourrait permettre de limiter les réactions de stress. Elle permettrait ainsi à l’animal d’exprimer un comportement adéquat, c’est-à-dire de limiter les comportements à risques (animal qui panique et saute d’une barre rocheuse, ou qui s’éloigne du troupeau et deviens une proie facile pour le loup) et de favoriser la cohésion sociale et donc le flocking des animaux.
Quels sont les bénéfices susceptibles de découler de ce projet? Expliquer en quoi le projet pourrait faire progresser les connaissances scientifiques ou quels bénéfices les êtres humains, les animaux ou l’environnement pourraient en tirer à terme. Le cas échéant, distinguer les bénéfices à court terme (pendant la durée du projet) et les bénéfices à long terme (susceptibles d’être obtenus après l’achèvement du projet).
Nous attendons de ce projet, une meilleure compréhension de la communication chimique chez les ovins en particulier dans un contexte d'alerte et de simulation de la présence d'un prédateur. Si cette expérimentation valide l'efficacité de la phéromone apaisante de brebis, cela nous permettra à terme de proposer aux éleveurs ovins une solution naturelle et sans danger pour moduler les conséquences de la présence du loup sur leurs troupeaux. En effet, l'utilisation de phéromones pourra s'ajouter aux autres pratiques de protection des troupeaux (barrière, chien, effarouchement) mais avec pour approche originale d'agir à l'échelle du troupeau et même au niveau de chaque individu.