Décrire les objectifs du projet (par exemple, répondre à certaines interrogations scientifiques ou à des besoins scientifiques ou cliniques).
A ce jour, aucun vaccin ni traitement antiviral spécifique contre le virus CCHF (fièvre hémorragique de Crimée-Congo) n’est disponible. L’objectif de ce projet est de poursuivre le développement de vaccins contre le virus CCHF. Nous avons premièrement testé nos candidats vaccins dans un modèle souris déficientes pour une partie du système immunitaire afin qu’elles puissent présenter des signes cliniques suite à l’infection par CCHFV (virus de la fièvre hémoragique de Cirmée-Congo). Tous les animaux vaccinés ont survécu à l’infection. Afin de déterminer l’efficacité des vaccins, il faut ensuite démontrer la protection efficace dans un modèle d’infection sans déficience du système immunitaire et présentant naturellement des signes cliniques suite à l’infection par CCHFV, c’est-à-dire en modèle macaque cynomolgus. Cette expérimentation permettra valider l’efficacité de nos candidats vaccins mais également de les comparer entre eux pour définir celui ou ceux qui peuvent être engagés plus avant dans leur développement.
Quels sont les bénéfices susceptibles de découler de ce projet? Expliquer en quoi le projet pourrait faire progresser les connaissances scientifiques ou quels bénéfices les êtres humains, les animaux ou l’environnement pourraient en tirer à terme. Le cas échéant, distinguer les bénéfices à court terme (pendant la durée du projet) et les bénéfices à long terme (susceptibles d’être obtenus après l’achèvement du projet).
Il n’existe à ce jour aucun traitement spécifique ou vaccin disponible. La vaccination demeure l’approche la plus pragmatique pour enrayer les épidémies à CCHFV. Le but de ce projet est de démontrer que les candidats vaccins ont un pouvoir protecteur après un ou deux immunisations. Le projet met à l’étude des candidats vaccins dont l’innocuité du vecteur a été testée. Dans le cadre de ce projet, nous avons déjà évalué au cours d’une première phase trois candidats vaccins contre le virus CCHF dans un modèle murin (souris déficientes pour le récepteur aux interférons de type 1). Ce protocole permettra de démontrer leur efficacité et leur capacité à induire une réponse immunitaire protectrice contre l’infection par ce virus en modèle primate non humain (PNH), seul modèle qui reproduit la pathologie observée chez l’Homme. Parmi les trois candidats vaccins qui seront testés au cours de la même expérimentation, et grâce aux échantillons biologiques collectés auprès des animaux vaccinés (ou non) et infectés, nous pourrons évaluer l’efficacité du vaccin, vérifier l’absence de persistance virale, mesurer les taux d’anticorps spécifiques du virus et la réponse cellulaire de l’hôte. L’utilisation des animaux pour cette phase de validation est donc justifiée au vu de l’impact potentiel sur l’Homme de ce virus et pour la mise en place d’une prophylaxie. L’efficacité des vaccins utilisés dans cette étude sera mesurée selon le taux de survie des animaux vaccinés ainsi que par l’analyse des prélèvements biologiques. Les résultats obtenus seront comparés à ceux des animaux non vaccinés pour déterminer l’efficacité de chacun des vaccins testés.
À quelles procédures les animaux seront-ils soumis en règle générale (par exemple, injections, procédures chirurgicales)? Indiquer le nombre et la durée de ces procédures.
Dans l'animalerie 1/2, les animaux seront soumis à une chirurgie d’implantation abdominale d’un dispositif permettant de mesurer la température corporelle en temps réel (durée de la chirurgie: 30 mn), à 1 à 2 injections intramusculaire du vaccin, et jusqu'à 12 prélèvements sanguins et écouvillons nasaux et buccaux (environ 15 min à chaque session de prélèvements) sous anesthésie générale (J0, 3, 6, 9, 15, 21, 63, 66, 69, 71, 78, 83). Dans l'animalerie 2/2, ils seront soumis à 1 injection intraveineuse du virus puis à 9 écouvillons nasaux et buccaux (environ 5 minutes à chaque session de prélèvements) et 9 prélèvements sanguins (J0, 3, 6, 9, 12, 15, 18, 21) (20 à 30 minutes) etsous anesthésie générale (prévues au nombre de 10, d’une durée de 1 à 2h, pour la réception et les jours de prélèvement). Lors de l'atteinte de point limite ou de la fin du protocole, les animaux seront anesthésiés, puis des prélèvements (sang) ainsi que la mise à mort seront réalisés.
Quels sont les effets/effets indésirables prévus sur les animaux, par exemple, douleur, perte de poids, inactivité/mobilité réduite, stress, comportement anormal, et la durée de ces effets?
En animalerie ½, les dommages attendus suite à la chirurgie sont la douleur liée à l’ouverture de la paroi ainsi qu’à la cicatrisation de la plaie. Les dommages attendus seront principalement liés aux injections de l’anesthésique et aux conséquences des prélèvements sanguins répétés (potentiels hématomes aux sites de prélèvement). L’innocuité de cette construction vaccinale a déjà été démontrée, il n’est donc attendu aucun effet secondaire. En animalerie 2/2, les nuisances attendues sont une inflammation locale légère et transitoire au niveau de la zone d’injection du virus et une irritation des muqueuses nasales et buccales suite aux différents prélèvements. Les animaux seront soumis à plusieurs anesthésies générales ce qui peut induire une hypothermie et un stress lié à la contention. Aucun effet n’est attendu pour les animaux vaccinés. Les animaux contrôles non-vaccinés devraient présenter les symptômes décrits chez les humains suite à l’infection par ce virus, à savoir une perte de tonus, une perte de poids, une fièvre et l’observation de signes hémorragiques éventuels.
Quelles espèces et combien d’animaux est-il prévu d’utiliser? Quels sont le degré de gravité des procédures et le nombre d’animaux prévus dans chaque catégorie de gravité (par espèce)?
Espèce
Nombre total
Nombre estimé par degré de gravité
Sans réveil
Légère
Modérée
Sévère
Singes cynomolgus (Macaca fascicularis)
12
Qu’adviendra-t-il des animaux maintenus en vie à la fin de la procédure?
Espèce
Nombre estimé d’animaux à réutiliser, à replacer dans l’habitat/le système d’élevage ou à proposer à l’adoption
Réutilisé
Replacé dans l’habitat naturel ou le système d’élevage
Proposé à l’adoption
Justifier le sort prévu des animaux à l’issue de la procédure.
L'étude implique que les organes et les tissus puissent être prélevés sur l'ensemble des animaux de l'étude (n=12), ceux-ci étant répartis en divers groupes infectés et/ou vaccinés. Par conséquent, seule la mise à mort des 12 animaux de l'étude permettra d'obtenir des données statistiquement robustes.
1. Remplacement
Indiquer quelles sont les alternatives non animales disponibles dans ce domaine et pourquoi elles ne peuvent pas être utilisées aux fins du projet.
Il existe désormais plusieurs méthodes alternatives in vitro, dérivées de la culture cellulaire (classiquement utilisée depuis des décennies). Ces nouvelles technologies tendent à recréer artificiellement les interactions inter cellulaires que nous pouvons retrouver dans un organisme. Bien que très prometteuses, ces techniques restent très localisées et répondent à des problématiques assez ciblées. Les candidats vaccins utilisés ici ont d’abord fait l’objet de caractérisation in vitro. La réponse immune induite a été testée et une forte réponse a été observée. Dans le cas des fièvres hémorragiques virales dont fait partie la fièvre hémorragique induite par CCHFV, il est impossible de remplacer les modèles animaux afin de réaliser des études sur la physiopathogénèse et les réponses immunitaires dans leur ensemble. Ce projet vise donc à démontrer l’efficacité de candidats vaccins contre l’infection, ce qui nécessite obligatoirement des organismes entiers. De plus, cela s’inscrit dans des études précliniques, indispensables au développement d’un candidat vaccin.
2. Réduction
Expliquer comment le nombre d’animaux prévu pour ce projet a été déterminé. Décrire les mesures prises pour réduire le nombre d’animaux à utiliser et les principes appliqués pour concevoir les études. S’il y a lieu, décrire les pratiques qui seront appliquées tout au long du projet pour limiter le plus possible le nombre d’animaux utilisés sans perdre de vue les objectifs scientifiques. Ces pratiques peuvent notamment consister en études pilotes, modélisation informatique, partage et réutilisation des tissus.
Le nombre d’animaux a été réduit autant que possible pour obtenir des résultats interprétables et pertinents. En effet, un effectif de trois animaux par groupe représente le minimum absolu permettant des résultats statistiquement significatifs. Au-delà de la survie, les groupes seront comparés en fonction des valeurs de score au cours de la maladie, des valeurs des paramètres biochimiques, virologiques et autres paramètres physiologiques. Les tests statistiques ne pourront pas être tous hautement significatifs, cependant, la multiplicité des paramètres évalués permet de démontrer de manière fiable les résultats obtenus. Les précédentes études basées sur des expérimentations utilisant des groupes expérimentaux de 3 animaux ont permis d’obtenir des données et résultats significatifs montrant que la présence ou absence de virémie est un critère essentiel.
3. Raffinement
Donner des exemples des mesures spécifiques qui seront prises (par exemple, surveillance accrue, soins postopératoires, gestion de la douleur, entraînement des animaux) pour réduire au minimum les effets sur le bien-être des animaux (les nuisances causées). Décrire les mécanismes permettant d’intégrer de nouvelles techniques de raffinement pendant la durée de vie du projet.
Animalerie 1 : - Hébergement : En raison de l’hébergement dans l'animalerie 2 et d’optimisation de l’étude, les groupes seront composés en trio compatibles. Un programme d’enrichissement spécifique à l’espèce et à l’âge des animaux est mis en place sur tout le site de l’animalerie 1, et supervisé par le responsable du bien-être animal. Les enrichissements sont structurels (perchoirs, balançoire…), alimentaires (graines pour fourragement, fruits, friandises…) ou consistent en l’apport d’objets de manipulation changés régulièrement. - Suivi de la température corporelle : Malgré une chirurgie pour la mise en place de l’implant, le fait d’équiper les animaux avec un tel dispositif représente un raffinement à court, et moyen termes en tant que mesure non invasive et paramètre de surveillance dans le cadre des points limites. - Procédures : Les animaux seront anesthésiés à chaque intervention, afin de limiter le stress lié à la manipulation ainsi que la douleur aigue liée à la chirurgie d’implantation, et aux injections et prélèvements sanguins répétés (piqure d’aiguille). Les animaux seront sous couverture antalgique durant et suivant la chirurgie d’implantation. Afin de limiter l’impact des prélèvements sanguins répétés, les sites de prélèvements seront alternés. En cas d’hématome, un autre site de prélèvement sera utilisé et de la pommade sera appliquée sur l’hématome (Hémoclar). Une grille de points limite est mise en place pour détecter tout problème inattendu. Animalerie 2 : les conditions réglementaires d’hébergement sont appliquées. Afin d’assurer au mieux le bien-être des animaux, ils seront hébergés en volière par 3 dans un milieu enrichi afin de permettre aux animaux de mettre en avant le plus possible un comportement naturel (perchoir, jeu, diversification alimentaire…). Une évaluation quotidienne sera réalisée dès l’infection, et des points limites ont été définis. Cela permettra une fin de procédure expérimentale dès l’atteinte d’un point limite. L’enregistrement permanent de la température permet une meilleure analyse de la maladie. Les animaux sont également suivis grâce aux caméras permettant un contrôle visuel en dehors des horaires de présence du personnel en laboratoire. En cas de doute sur l’état d’un animal, une entrée en laboratoire sera programmée pour procéder à une observation et à une possible décision.
Expliquer le choix des espèces et les stades de développement y afférents
Il n'existe pas de modèle d’infection chez le rongeur pour la fièvre de Crimée-Congo qui reproduise la pathologie observée chez l’Homme excepté dans des souris génétiquement modifiées. Ces modèles présentent une susceptibilité plus ou moins prononcée et ne reproduisent qu'en partie la pathogénèse et les réponses immunitaires qui ont lieu chez l'Homme. Ce projet ne nécessite pas d'exigences particulières concernant le stade de développement des animaux utilisés hormis le fait de former des groupes homogènes en âge et poids pour pouvoir analyser les résultats sans biais. Les animaux utilisés seront des juvéniles sevrés d’au moins 12 mois et de moins de 3 ans.
Raisons de l’appréciation rétrospective
Prévoit des procédures sévères
Utilise des primates non humains
Explication de l’autre raison de l’appréciation rétrospective